Quel est le point commun entre la communication et les pommes de terre ?
- Et bien il s’agit de Parmentier !
- Prisonnier militaire en Prusse, Antoine-Augustin Parmentier goûte la bouillie de pomme de terre pour la première fois. Il en reconnut les avantages nutritionnels et se battit pour le restant de ses jours à promouvoir la solanacée (jusqu’à la cour de Louis XVI) qui n’était alors donné qu’aux bétail ou réservé aux jours de vache maigre. La légende raconte qu’en France, la consommation de la pomme de terre se serait répandue grâce à un stratagème : la garde royale présente autour des champs durant le jour a attisé la curiosité du peuple parisien qui s’est empressé de voler ce mets qu’il pensait de ce fait prestigieux… Apothicaire de formation, Product Owner de vocation, Parmentier devint plus tard le précurseur de l’agrobiologie au 18ème siècle. Forts de cette anecdote croustillante (comme une chips, héhé), revenons sur la culture des différentes variétés de la Solanum Tuberosum au fil des siècles.
Arrivée de la cartoufle en Europe : un voyage linguistique
- Les premières traces de consommation de la pomme de terre, retrouvées au sein des civilisations précolombiennes (Pérou, Bolivie, Chili), remontent à plus de 10 000 ans avant J.-C.
- Leur culture nous a été transmise au XVIème siècle par les conquistadores espagnols, puis en Autriche, en Angleterre, en Allemagne, en Suisse avant de s’imposer vers l’actuelle Belgique et enfin en France (grâce à notre fameux Parmentier). L’appellation du tubercule témoigne de cette progression géographique puisque la cartoufle n’est autre qu’une appellation francisée de l’allemand « Kartoffeln », qui s’inspire à son tour de l’italien tartuficolo (petite truffe). Le terme « pomme de terre » est une autre traduction littérale de l’allemand Erdapfel. Ceci dit, la pomme de terre s’est paradoxalement mieux intégrée dans les assiettes françaises que dans les italiennes où elle n’y fut démocratisée que deux à trois siècles plus tard.
- Ce périple fut long, malgré la bonne teneur en glucides, protéines, minéraux (potassium et magnésium) et vitamines (B6 et B9) ainsi que la culture de prime abord facile du tubercule à la fois légume et féculent, aujourd’hui plébiscité par l’ONU pour « atteindre la sécurité alimentaire ». Circonstances malheureuses, sa progression en Europe a souvent été due aux famines et aux guerres.
La grumbeere en Alsace : une épopée gustative
Comment les aimez-vous ? Autrefois peu apprécié en raison de son goût amer et de sa réputation indigeste, le légume racine se décline désormais presque à l’infini (environ 5000 variétés existent !) pour s’adapter à chaque préparation culinaire.- La primeur, tendre à peau fine, se récolte jusqu’à mi-août (90 jours après sa plantation) avant d’atteindre sa complète maturité. Elle se distingue de la pomme de terre dite « nouvelle », récoltée au moins 120 jours après sa plantation.
- La pomme de terre « grenaille » fait référence à la forme de l’aliment dont le calibre doit être compris entre 28 et 40 mm, rappelant les billes de plomb ou de métal utilisées comme munitions dans les armes à feu, mais elle peut provenir de diverses variétés telles que la Ratte ou la Charlotte. Outre leur saveur plus délicate, les pommes de terre cueillies avant maturité ont une moindre teneur en glucides et lipides, et contiennent plus de vitamine C.
- Une autre classification que l’on retrouve généralement dans les mercuriales Solibio est celle qui différencie les variétés à chair ferme de celles à chair tendre. Les patates à chair ferme sont riches en eau et présentent une bonne tenue à la cuisson. On les privilégie pour les salades ou sautées à la poêle.
- Les variétés tendres, plus riches en amidon comme la Agria, la Monalisa, ou la Spunta sont parfaites pour les purées et potages car elles se délitent à la cuisson. Si pour vous, « le gras, c’est la vie » et que vous aimez les cuissons longues des ragouts, plats en sauce, baeckeofe, gratins dorés au fromage, ou plus sobrement les frites, n’hésitez pas à tester des variétés comme la Marabel, qui s’imprégneront de votre préparation culinaire. Une symbiose.
C’est l’mildiou !
- Rien de nouveau donc cette année, si nos producteurs en Alsace sont confrontés à une épreuve majeure avec leur cauchemar devenu realité : l’apparition du mildiou. Ce mal a pris de l’ampleur en raison des conditions climatiques propices de ces derniers mois, divisant la récolte de cette année 2024 par trois ou par cinq par rapport à une année normale. Le mildiou (Phytophthora infestans), qui affecte principalement les solanacées et les tomates est une maladie fongique qui se manifeste par des taches brunâtres sur les feuilles, les tiges et les tubercules, causant la pourriture des récoltes. Cette maladie avait déjà causé la Grande famine irlandaise de 1845, tristement célèbre pour le million de victimes qu’elle a engendrées. Il est compliqué de se débarrasser du mildiou car il peut réapparaître d’une année sur l’autre si toutes les pommes de terre attaquées n’ont pas été détruites.
- Nous soulignons l’importance de soutenir les pratiques agricoles durables, locales et surtout diversifiées. Pour comprendre les défis de la consommation du bio en France (chiffres, historique et enjeu plus contemporain du local), nous vous invitons à relire notre article. En choisissant des produits de notre coopérative, vous contribuez non seulement à préserver l’environnement, mais aussi à soutenir les producteurs locaux touchés par cette crise.
M.D.